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Chine : sortie du statut de déchet pour le cuivre

Posté par : Christophe Véron 21.01.2020

La nouvelle passera inaperçue pour le grand public, mais pour les professionnels du recyclage il s’agit clairement d’une révolution : la Chine vient d’entériner la date du 1er juillet prochain pour accepter l’entrée sur son territoire de matières premières en cuivre et en aluminium désormais sorties du statut de déchet.

           La nouvelle est tombée le 13 janvier : l’Administration d’État chinoise pour la réglementation des marchés a déclaré que les nouvelles spécifications pour les matières premières secondaires en cuivre et en aluminium entreront en vigueur au second semestre 2020. L’annonce est d’importance puisque la Chine est le plus grand importateur mondial de déchets métalliques. Au cours des onze premiers mois de 2019, l’Empire du Milieu a ainsi importé 1,42 million de tonnes de déchets de cuivre et 1,36 million de tonnes de déchets d’aluminium.

Pour le moment, le détail des nouvelles spécifications n’est pas encore connu. Il faudra probablement attendre quelques semaines pour en savoir d’avantage. Pour mémoire, fin août 2019, trois propositions sur le ‘matériau de cuivre renouvelable’, le ‘matériau de laiton renouvelable’ et le ‘matériau renouvelable pour l’alliage d’aluminium coulé’ ont été élaborées par la China Nonferrous Metals Industry Association (CNIA) avec l’aide des principaux transformateurs de déchets et les plus grand traders en Chine.

Toutefois, selon les premières informations glanées sur le marché auprès de sources réputées bien informées, les débris de cuivre éligibles au changement de nom seront classés en sept catégories de matériaux renouvelables, parmi lesquels on retrouve notamment le Milberry, la mitraille de cuivre et les grenailles, mais également des débris métalliques étamés, galvanisés ou nickelés. En clair, des qualités comprises entre 99,9% de cuivre contenu pour le Milberry typé RCu-1A, et 96% de cuivre contenu pour certaines qualités de grenailles typées RCu-2C. Toutefois, il faut bien distinguer le taux du cuivre contenu du taux de recyclage. Ainsi,  si l’on considère le taux effectif de récupération du cuivre, les pourcentages sont plus bas. Ainsi ce taux tombe-t-il à 92% pour des tournures de cuivre type RCU-5 ou pour du cuivre N°2 type RCu-2C, et à 90% pour des bacs à eau en cuivre type RCu-6. Dans les faits, ce taux de récupération « couvre tous les déchets de cuivre qui entrent actuellement dans le pays, donc tous les déchets de cuivre seront effectivement éligibles dans le cadre du nouveau système de classement », a commenté un trader asiatique pour qui cette classification ne limitera en rien les qualités qu’il peut actuellement exporter.

Ainsi, la norme proposée par la CNIA couvrirait même la spécification Dream de l’ISRI avec une teneur en cuivre de 92%, ainsi que certaines qualités inférieures de BIRCH/CLIFF (l’équivalent du cuivre mêlé) proposées par certains pays d’Asie avec une teneur en cuivre inférieure à 94% (alors même que l’ISRI exige un pourcentage minimum de 94% de cuivre contenu).

 

Exit le CCIC ?

Selon certaines sources, les quotas annoncés jusqu’à présent ne sont pas remis en question par cette nouvelle nomenclature. Ce qui signifie en creux que certains « déchets/non-déchets » pourront être vendus indifféremment hors quotas ou non. Une chose est sûre, « nous nous attendons maintenant à une forte croissance des importations de matières premières de cuivre », a déclaré un négociant chinois spécialisé dans les produits intermédiaires en cuivre.

Reste toutefois à savoir combien de temps les autorités chinoises, notamment douanières, vont mettre pour finaliser les procédures d’inspection qui devront tenir compte de cette nouvelle donne. D’aucuns estiment que les inspecteurs du CCIC (qui contrôlent actuellement les exportations de déchets vers la Chine) ne devraient plus avoir la main sur les matières premières secondaires.

Si cela se confirme, ce serait une double bonne nouvelle pour les expéditeurs, dans la mesure où les inspecteurs du CCIC mettent parfois plusieurs semaines avant de passer contrôler les marchandises. Ensuite parce que le coût de ces contrôles oscille entre 200 et 500 dollars par conteneur — sommes que les exportateurs de MPS n’auraient plus à supporter.

 

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