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Ferrailles : des matières très convoitées

Posté par : Christine Lairy 10.03.2022 à 17h05

Comme ceux de toutes les matières premières, les prix des ferrailles flambent depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie : en deux semaines, à la grande importation, les prix en Turquie ont bondi de plus de 120 dollars — et l’on parle de hausses de 100 à 150 dollars aux Etats-Unis en mars, de 80 à 90 euros en France et en Allemagne, ou encore de progressions de 60 euros depuis fin février en Italie, où de nombreuses aciéries réduisent leur activité car elles sont aussi étranglées par l’envolée de leurs coûts énergétiques. C’est également le cas de leurs homologues en Espagne d’ailleurs.

Certes, elle désorganise la logistique et perturbe fortement les approvisionnements de l’Europe en matières premières et en produits sidérurgiques, mais la guerre en Ukraine n’explique pas tout.

Depuis des mois, force est en effet de constater que l’offre en ferrailles n’est pas à la hauteur de la demande. Ce qui permet aux prix de se maintenir à des niveaux élevés. La faute au retour de la croissance après deux années de crise sanitaire aigüe ? Sans doute un peu, même si l’argument peut paraître fragile dans la mesure où les épisodes de croissance s’accompagnent généralement de la production de beaucoup de matières à recycler (chutes de production, de chantiers, etc.) — or ce n’est pas le cas — et que les taux de croissance actuels reflètent plus la hausse des matières premières que celle de l’activité dans l’industrie ou la construction.

 

Changements structurels

Quelles que soient les explications de ce déséquilibre, une chose semble aujourd’hui à peu près certaine : les ferrailles suscitent la convoitise. Au point que les sidérurgistes, en plein bras de fer avec les récupérateurs/préparateurs au niveau européen pour limiter, voire interdire les exportations de ferrailles hors de l’UE, se positionnent sur le créneau.

On semble aujourd’hui bien au-delà du coup de pression ou de l’intox.

En Ecosse, ArcelorMittal vient ainsi de racheter John Lawrie Metals Ltd, qui collecte environ 200.000 tonnes par an de ferrailles — pour l’essentiel, celles-ci iront approvisionner les aciéries du groupe en Espagne, entend-on dans la profession. En France, dans le cadre du rachat de GDE-groupe Ecore, Derichebourg est lui en train de finaliser la cession de quatre broyeurs. Et l’on sait déjà qu’il aurait éconduit certains de ses concurrents récupérateurs… au profit de clients sidérurgistes.

Une lame de fond est-elle en train de déferler en Europe ? La question mérite de se poser puisque l’on vient d’apprendre qu’en Allemagne, c’est le groupe Alba qui vient de mettre en vente sa filiale Alba SE spécialisée dans les ferrailles. Selon le PDG du groupe, cette vente s’inscrit dans le cadre « des changements structurels amorcés par le Green Deal européen ». Quand les objectifs de décarbonation assignés par l’UE aboutissent à de tels phénomènes d’intégration verticale, on se dit que, plus que jamais, les professionnels du recyclage vont devoir eux-aussi opérer de sérieuses mues pour s’adapter.

 

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