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cuivre Chine marché

La Chine sera confrontée à la concurrence occidentale

Posté par : Christophe Véron 31.01.2023 à 15h30

Pékin.–  Jamais totalement rassasiée, la Chine aura encore faim de cuivre en 2023, croient savoir les analystes. Une fringale qui sera sans doute d’autant plus difficile à rassasier que les disponibilités en déchets cuivreux sur son marché intérieur sont encore réduites et que la tendance à la décarbonisation en Occident devrait limiter les tonnages de cuivreux disponibles à la grande exportation. On constate déjà depuis trois mois une concurrence exacerbée entre négociants chinois ; concurrence qui pourrait être encore plus vive une fois que les fêtes  du Nouvel An lunaire seront terminées, et pour peu que l’épidémie de Covid en Chine n’enraye pas trop l’activité des entreprises.

Conséquence de ce qui précède, on assiste à une contraction des décotes appliquées au cuivreux par rapport au métal primaire, notamment pour les qualités intermédiaires, comme la grenaille N°2 ou le cuivre 1B. Un constat qui vaut également pour le cuivre Blister. Pour mémoire, ce dernier  - encore surnommé « cuivre noir »  -  est un métal grossièrement raffiné contenant 97 à 99 % de cuivre. Il entre habituellement dans le processus de fabrication des cathodes, mais pourrait être utilisé directement par des fonderies peinant à trouver des déchets cuivreux.

Le métal rouge se verdit

Aujourd’hui, les consommateurs chinois de cuivre sont confrontés à une baisse de leurs approvisionnements locaux en raison du ralentissement de l’activité économique du pays suite à la crise sanitaire. Cette situation ne devrait pas évoluer positivement avant la fin du semestre en cours. Mais ils doivent également composer avec la baisse significative de la collecte de cuivre chez leurs fournisseurs ultramarins, c’est-à-dire essentiellement européens et américains. Une baisse de l’offre en déchets qui tombe d’autant plus mal pour les producteurs chinois que ceux-ci se sont engagés à ce que le cuivre recyclé représente 25 % de leur production totale d’ici 2025. Hélas pour ces derniers, le « verdissement » du métal rouge produit est également un objectif prioritaire pour leurs confrères occidentaux, tels Aurubis, Brixlegg ou encore Boliden. Pour tous ceux-là, le cuivre recyclable est désormais une priorité d’autant plus prégnante que leurs clients se verront proposer des « certificats bas carbone ». Un véritable argument de vente pour placer leurs demi-produits.

Pour les transformateurs chinois, le défi des approvisionnements sera sans doute difficile à relever. Désormais concurrencés par leurs confrères occidentaux, il leur faudra mettre la main à la poche pour obtenir le précieux métal rouge, tout en partant avec un handicap de taille : une empreinte carbone logistique très pénalisante.

Les recycleurs ne doivent pas se réjouir trop vite

Dans ces conditions, les collecteurs-préparateurs peuvent sans doute se frotter les mains et espérer être en position de force pour négocier leurs contrats de vente dans les semaines et les mois à venir. Las, qu’ils prennent garde à ne pas trop désespérer les consommateurs européens et américains. Ceux-là supportent de moins en moins bien de voir partir au-delà des mers les matières premières secondaires dont ils ont besoin. L’Italie s’est ainsi réservée le droit de suspendre ses exportations de ferrailles hors UE l’an dernier, et le Parlement européen vient de voter un texte suspendant l’exportation de déchets hors OCDE, dans la mesure où les pays de réception ne sont pas en mesure de garantir un traitement répondant aux standards européens. Des dispositions forcément vues d’un bon œil [pour ne pas dire ourdies] par les industriels occidentaux.

Il y a trois ans, la Chine imposait sa loi pour contrôler ses importations de matières valorisables. Le vent semble avoir tourné.

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