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CCPHVA Risser smartcity

Pays Haut Val d'Alzette : un territoire ultra-connecté

Posté par : Martine Chartier 24.02.2020

L’hyper connectivité gagne les collectivités qui espèrent ainsi atteindre une meilleure gestion des services aux publics. Ancien enseignant, Patrick Risser s’est lancé en 2014 dans un nouveau projet en rejoignant le conseil municipal d’Aumetz, une commune de 2.000 habitants, ainsi que la vice-présidence de la communauté de communes du Pays Haut Val d’Alzette (CCPHVA). A cheval sur deux départements (la Meurthe-et-Moselle et la Moselle), ce territoire de 28.000 résidents répartis sur huit  communes est aussi frontalier du Luxembourg. Quelque 40.000 habitants sont attendus au cours des dix prochaines années et près de 300 logements sont construits chaque année dans le cadre d’une opération d’intérêt national. La proximité du Luxembourg attire les travailleurs transfrontaliers. Mais ceux-ci paient leurs impôts dans le pays voisin, où les entreprises préfèrent s’installer pour les avantages fiscaux qu’elles y trouvent. « Nous n’avons quasiment pas d’entreprises chez nous, regrette Patrick Risser, mais le vent, l’eau et les déchets nous appartiennent ! »

Inscrite dans le programme Écocité dès 2009, la CCPHVA obtient le label Territoire à énergie positive pour la croissance verte (TEPCV) en 2015. Cet engagement lui donne accès au Fonds de financement de la transition énergétique. En s’appuyant sur ces dispositifs, les élus de la CCPHVA entendent conduire au mieux un projet de développement qu’ils souhaitent durable.

Prélude et Métha 2

Deux projets sont en cours de développement. Baptisé Prélude (pour projet de récupération d’énergie électrique et thermique issue de déchets verts et d’éolienne), le premier représente un investissement d’un million d’euros (50% pris en charge par la Communauté). Il porte sur l’installation d’une chaudière de 300 kW qui doit produire en cogénération l’électricité pour la déchetterie communautaire et la chaleur. L’énergie thermique doit alimenter les ateliers pour sécher les déchets verts trop humides. L’électricité excédentaire doit quant à elle être revendue au réseau de distribution. Les travaux viennent tout juste de démarrer.

Le second projet, Métha 2, est un méthaniseur de 18 kW qui doit alimenter deux camions de collecte des déchets ménagers. L’investissement, entre 3 et 4 millions d’euros, devrait être assuré par le privé, indique le directeur général des services, Jean Vian.

Gestion des données

Par ailleurs, Patrick Risser envisage la gestion de la donnée comme un autre facteur de développement. La CCPHVA est ainsi à l’initiative du projet ECLOR, qui a vu la conclusion du premier contrat de partenariat d’innovation en France lié à un projet de territoire intelligent.

La Communauté a signé en 2019 ce partenariat avec Capgemini, Suez et Bouygues Energies et Services afin de co-construire une plate-forme de données. Cette ‘SmartCity’, ou cité intelligente, sera dotée d’une plateforme numérique destinée à récupérer et traiter par les trois entreprises les données publiques et privées pour optimiser la gestion de l’eau et de l’énergie, la mobilité et les déchets. Une façon pour le territoire d’entamer progressivement sa mue en vue de devenir un espace connecté.

« Le plus facile pour nous était de débuter par les déchets ménagers. » D’ores et déjà, certains quartiers disposent de points d’apport volontaire. Les habitants sont dotés d’un badge qui les autorise à déposer leurs sacs de déchets dans des conteneurs collectifs. La taxe d’enlèvement des ordures ménagères incitatives TEOMi sera pilotée par la plateforme (quelque 7.128 tonnes collectées en 2019). L’information circulera entre les citoyens et les gestionnaires, sur le remplissage des bacs y compris pour les horaires de présence à la déchetterie. Les premiers bacs à puces seront testés cette année pour une généralisation en 2021.

Big Brother watching you?

« A partir de cette plateforme connectée de gestion, nous sommes en train de lancer un marché de performance énergétique pour l’éclairage. L’éclairage est également un support d’information, nous avons l’intention de mettre des capteurs d’air pour la météo et des caméras pour, par exemple, surveiller les points d’apport volontaire. »

Le territoire est l’objet de dépôts sauvages, « beaucoup de déchets sont déposés par des entreprises étrangères dont certains camions transportent plusieurs tonnes, relate Patrick Risser. Au Luxembourg les dépôts en déchetterie sont chers ! Au cours du prochain mandat nous allons mettre en place une police communautaire des déchets et lui donner les moyens de la surveillance. »

A terme, l’élu espère que « de nouvelles activités économiques ou publiques pourront être imaginées et adaptées grâce à ce système. »