Retour
cours des métaux

Leclaire Pulsalys solubilisation

Rendez-vous avec Arnaud Villers d'Arbouet, président de Mecaware

Posté par : Martine Chartier 07.12.2021 à 12h15

Mecaware, une société portée par Arnaud Villers d’Arbouet et par le professeur Julien Leclaire du laboratoire de chimie supramoléculaire de Lyon, s’appuie sur une technologie toute nouvelle destinée à isoler et extraire les métaux des batteries au lithium en fin de vie.

Ingénieur formé à l’Ecole des Mines de Douai, Arnaud Villers d’Arbouet s’est lancé dans l’aventure de la création d’entreprise avec un MBA en poche et la rédaction d’un mémoire sur les Business Model de l’économie circulaire. « J’ai commencé à accompagner un certain nombre de projets avec une double logique : faire à la fois du consulting pour les entreprises dans lesquelles je monte modestement au capital de manière à être dans une dynamique d’accompagnement sur une stratégie à long terme. »

A la tête de sa société ITEC (Innovation Technologie Economie Circulaire), il identifie les rôles des SATT (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologie) et se penche sur les projets contenus dans leurs portefeuilles. « L’un sortait du lot, poursuit-il. C’était Pulsalys avec la technologie Mecaware et les brevets qui étaient associés portant sur l’extraction métallique des batteries usagées. Je suis donc allé taper à leur porte.»

L’entrepreneur rencontre le professeur Julien Leclaire à l’origine de la technologie. « Il m’a présenté le potentiel technique et scientifique de ses inventions. Je suis revenu en lui proposant des idées de développement marché avec différentes hypothèses. Nous avons rapidement eu envie de porter le projet ensemble. »

Les premiers travaux sur le marché et l’esquisse de business plans réalisés en 2019 débouchent le 23 décembre 2020 sur la création de la société Mecaware (Metal Capture for Waste Recycling) basée sur la plateforme Axel’one à Villeurbanne. L’objectif des deux associés est de pallier le manque de ressources en matériaux stratégiques sur le continent européen.

 

Habiller les molécules métalliques

La technologie développée recourt à la chimie supramoléculaire, « c’est une véritable innovation de rupture, assure Arnaud Villers d’Arbouet. Les technologies utilisées actuellement sont peu adaptées aux cathodes des batteries lithium-ion. Or ce sont les plus développées sur les nouvelles générations de batteries. Le processus développé est facile à mettre en œuvre et n’a pas besoin d’énergie particulière. »

Le procédé chimique mis au point par le professeur Leclaire fait appel à la solubilisation de la blackmass dans un flux d’une solution de CO2 et d’amines (composé organique). Les carbonates formés vont habiller les molécules métalliques.

« A partir de là, explique le dirigeant, chaque type de métal va avoir une configuration spécifique qui va permettre de le distinguer des autres. Nous allons alors être en mesure de gérer les caractéristiques du flux pour les dissocier et organiser la précipitation de chacun des métaux. A la sortie, nous avons du lithium, du cobalt, du manganèse sous forme de poudre complètement isolés et à de très hauts niveaux de pureté, directement exploitables par l’industrie pour la production de nouvelles cathodes. Les opérations sont réalisées en une passe et non pas en cycles répétés comme cela se fait en hydrométallurgie conventionnelle. »

Les rendements obtenus sur le pilote affichent des taux autour de 95-99 %. Les opérations se déroulent sans montée en température, sans pression et ne nécessitent pas le traitement des effluents, ces derniers circulent en boucle fermée.

 

Lettres de noblesse

La société a récemment réalisé une première levée de fonds, 2,5 millions d’euros dont une partie en capital. Soutenue par Bpifrance, elle compte aussi parmi ses partenaires EIT Inno Energy, structure fondée par l’UE. « Par le biais de cet actionnaire, nous entrons au cœur de la filière métiers, se félicite Arnaud Villers d’Arbouet. Nous sommes en contact avec les giga factories en développement, des clients futurs qui ont marqué un intérêt pour notre technologie. Il est prévu d’installer en Europe d’ici à 2030 quelque 600 GWh de production de batteries, soit environ 5 millions de tonnes de métaux à rechercher ! Le recyclage est en train de gagner ses lettres de noblesse avec beaucoup d’intelligence et de compétence engagées depuis longtemps par des entreprises petites ou grandes. » La première unité industrielle Mecaware devrait démarrer fin 2024.