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Industrie PIA décarbonation

Rendez-vous avec... Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie

Posté par : Martine Chartier 19.04.2021 à 17h25

Notre pays serait-il en passe de renouer avec son industrie ? C’est un souhait fréquemment exprimé ces dernières années dans l’hexagone. Les événements actuels, qu’il s’agisse de la pandémie ou des restrictions des échanges internationaux, concourent à l’envisager comme un facteur essentiel d’une certaine autonomie économique. Nos territoires pourraient recouvrer de nouvelles capacités de production industrielle. Pour quels produits ? Selon quelles modalités ? Autant de questions posées.

Créée en 2018, l’organisation professionnelle France Industrie* rassemble 25 fédérations et 44 entreprises industrielles. Son objectif est double : valoriser le rôle de l’industrie dans notre économie et promouvoir les actions en faveur de son développement.

L’heure est à l’économie circulaire et à la décarbonation des activités industrielles. Pour appuyer cette politique, le point central des dispositifs financiers passe par le plan de relance lancé au printemps 2020.

« Nous pouvons observer une première phase, précise Vincent Moulin Wright, directeur général de France Industrie. Cette première étape a remporté un grand succès à en juger par la mobilisation des industriels qui ont déposé plus de 12.000 demandes de soutien pour des projets industriels via les différents dispositifs du plan de relance : innovation, décarbonation, compétitivité, relocalisation, territoires d’industries,  etc. »

L’organisation assure qu’aux engagements financiers de l’État viendront s’ajouter des investissements privés, lesquels, par effet de levier, pourraient être de 1 pour 3 ou pour 4.

 

Une dizaine de marchés émergents

Les dispositifs annoncés sont de natures différentes : appels d’offres, appels à projets, appels à manifestations d’intérêt… D’importantes subventions sont destinées à l’industrie du futur auxquelles s’ajoutent les plans sectoriels destinés à soutenir l’aéronautique et l’automobile.

« La première partie de la fusée a bien fonctionné, assure Vincent Moulin Wright. La deuxième partie implique de profiter à plein de l’effet sur la fiscalité de production. Pour la première année (depuis janvier 2021), les impositions sont diminuées de quelque 4 milliards d’euros pour l’industrie. »

Cette mécanique de temps, comme la qualifie le directeur général de France Industrie, devrait renforcer la compétitivité et à terme les fonds propres des entreprises. Celles-ci continuent de bénéficier du Plan Innovation d’Avenir (PIA), doté de 11 milliards d’euros. Ce plan s’adresse à des produits de rupture, à haute valeur ajoutée, encore en phase de recherche/développement. Une dizaine de marchés émergents sont identifiés parmi lesquels les bio-productions, l’hydrogène, les protéines du futur…

« Nous verrons d’ici l’été quel sera le volume d’investissement supplémentaire par rapport à une année normale, poursuit notre interlocuteur. Pour la décarbonation, beaucoup d’investissements ne se seraient pas faits sans ces soutiens. Des projets étaient dans les cartons mais n’étaient pas réalisés car non rentables, avec des temps de retour sur investissement trop longs. Le coup de pouce de l’État les rend finançables. »

 

Politique de relance

Les tensions observées sur les approvisionnements confirment « le choix du gouvernement de mettre de l’argent sur les appels à projets résilience et relocalisation. Nous sommes en train d’identifier la vulnérabilité des supply chains. Chez France Industrie, nous n’aimons pas beaucoup le mot relocalisation car nous savons que la bonne relocalisation est la ré industrialisation. Il s’agit de faire en sorte que le nombre d’usines créées dépasse celui des usines qui ferment. En termes de relocalisations strictes, des flux sont rapatriables en France, avec des soutiens publics, et des travaux ont démarré entre industriels donneurs d’ordre et industriels fournisseurs quand il y en a encore ».

De 2017 à 2019, le solde de création d’usines était positif, engendrant la création nette d’environ 40.000 emplois industriels. Un constat positif pour Vincent Moulin Wright : « Le gouvernement actuel est sur une politique de l’offre et une politique de relance. Cela portera forcément ses fruits. »

Les équipes de France Industrie travaillent actuellement sur des segments tests : linge destiné aux hôpitaux, emballages des barquettes alimentaires, cartes électroniques de certaines qualités. « Nous sommes parvenus à faire signer des commandes de rapatriement de flux qui seront fabriqués en France. »

Seule crainte exprimée, la demande de plus d’écologie : « Il ne faut pas opposer ceux qui souhaitent que l’on réindustrialise à ceux qui veulent que l’on mette plus de contraintes réglementaires et judiciaires. Il faut un équilibre car l’industrie c’est 100 % des solutions pour la transition écologique et ce n’est plus que 17 % des émissions de gaz à effet de serre. »

 

 

* France Industrie réunit le Cercle de l’Industrie et le Groupe des Fédérations Industrielles (GFI).

 

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