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cours des métaux

Derichebourg Environnement Bruyères Quantum RX Burteau Mongé

Technologie : la spectrométrie au service du tri

Posté par : Christine Lairy 07.06.2022 à 15h30

Dans le Val d’Oise (95), le site de Bruyères-sur-Oise centralise tous les déchets de métaux non ferreux (MNF) broyés qui sont collectés en France par Derichebourg Environnement ‘historique’ – comprendre avant le rachat de groupe Ecore GDE fin 2021. Cela représente quelque 150.000 tonnes par an de MNF (alu, cuivre, laiton, nickel, plomb, zinc, etc.), auxquelles il faut ajouter 10.000 tonnes environ de ferrailles.

 

Préparer de nouvelles matières premières

Maximilien Burteau, directeur d’exploitation, y tient : s’il est le siège d’un impressionnant ballet de camions (jusqu’à 70 par jour en entrées et sorties), le site Derichebourg Environnement de Bruyères-sur-Oise n’est pas une plateforme logistique ou de rechargement, encore moins une entreprise de négoce, mais bien une installation de traitement. Ce qui signifie que toutes les matières qui y sont réceptionnées sont préparées en vue de leur utilisation future.

 

Premier affineur français d’aluminium

Les déchets et autres fractions organiques non valorisables sont isolés avant d’être acheminés en décharges. De leur côté, les fractions métalliques sont récupérées, triées et calibrées afin de pouvoir réintégrer la chaîne de production comme nouvelles matières premières.

Le site de Bruyères-sur-Oise fait d’ailleurs partie d’un ensemble plus vaste au sein de Derichebourg Environnement, Refinal Industries, « premier affineur français d’aluminium ». Avec le site francilien, Refinal Industries se compose d’une affinerie à Lomme (Lille) dans le Nord (59), et d’une autre à Prémery, près de Nevers (58). La première produit principalement des lingots d’AS9U3 pour l’automobile, la seconde travaille des alliages plus spécifiques et plus titrés, avec des teneurs en fer et en zinc très basses. Et ces alliages sont fabriqués, en grande partie, à partir de matières préparées à Bruyères-sur-Oise.

A 40-50 %, les matières préparées dans le Val d’Oise partent dans les affineries Refinal Industries — Derichebourg Environnement donc qui, en amont, assure 90 % des apports.

La production de ces affineries s’adresse à une clientèle de fonderies, dont le nombre ne cesse de diminuer dans l’Hexagone, ce qui signifie qu’il faut aller chercher les clients de plus en plus loin, jusqu’en Asie désormais, avec à la clé une hausse des coûts logistiques.— à quoi vient s’ajouter l’envolée des coûts de l’énergie : au cours de l’année écoulée, ces coûts ont doublé sur le site, glisse Maximilien Burteau, remarquant au passage que, dans le même temps, les prix de vente n’ont eux « pas fait fois deux ».

 

Flottation et broyage

Les affineries de Refinal Industries produisent quelque 80.000 tonnes de lingots d’aluminium par an. De son côté, le site de Bruyères-sur-Oise prépare entre 45.000 et 55.000 tonnes d’aluminium, et entre 15.000 et 20.000 tonnes de métaux non ferreux, hors aluminium — du cuivre, du plomb, des inox, du zinc (Zamak), etc. Auparavant expédié par conteneurs à la grande exportation, tout le cuivre récupéré sur le site est aujourd’hui autoconsommé, afin de préparer des alliages (AS9U3 principalement).

 

 

Côté process, le site francilien utilise des installations de séparation densimétrique par flottation qui permettent d’isoler les différentes familles de matières : une première étape permet ainsi de séparer les métaux des fractions organiques et du magnésium, une seconde de séparer les aluminiums des métaux lourds (cuivre, laiton, plomb, etc.). Cette fraction lourde fait l’objet d’un tri électronique, qui est ensuite affiné à la main par des opérateurs.

Chaque mois, ce sont entre 6.000 et 8.000 tonnes de matières qui sont ainsi traitées par le système de flottation. En support de ces différentes installations, le site est équipé d’un broyeur à des fins de calibrage – il s’agit d’obtenir les granulométries souhaitées par les clients.

 

Cerise sur le gâteau : un analyseur spectrométrique

S’il se veut très discret sur les technologies de flottation utilisées, le groupe Derichebourg Environnement accepte de se montrer un peu plus disert sur un outil qu’il a acquis en fin d’année dernière : pour affiner le tri des matières, ou lever des doutes sur certains produits, le site de Bruyères-sur-Oise a été doté d’un analyseur XRF Portable X-250 SciAps (voir page suivante) qui lui permet de connaître précisément la composition de ses aluminiums et de ses alliages : un petit bijou de technologies qui, en mode Aluminium, délivre ses résultats en 3 ou 4 secondes, quand les appareils concurrents ‘lambinent’ pour certains à 30 secondes.

Cette rapidité, indique Maximilien Burteau, a d’ailleurs été un critère déterminant dans le choix de cet appareil vendu avec ses deux applications de série — Aluminiums et Alliages. A la demande du client, l’analyseur a également été équipé du mode RoHS* pour effectuer des mesures sur les plastiques — l’idée étant notamment d’y détecter d’éventuelles traces de brome et d’antimoine. Il aurait également pu être équipé du mode Métaux précieux**.

Distribué en France par la société Quantum RX (voir ici le portrait de Joël Le Chevalier, son PDG), cet analyseur de l’Américain SciAps est surtout utilisé au moment du tri, avant broyage, pour lever d’éventuels doutes sur la composition de tel ou tel produit. Son acquisition pour Bruyères-sur-Oise a été décidée afin d’accompagner l’évolution de l’activité de l’affinerie de Prémery vers la production d’alliages plus titrés.

Livré fin octobre, le seul analyseur du site francilien est accessible à six personnes 24 heures sur 24, et 5 jours sur 7. Pour être autorisés à utiliser cet outil en toute autonomie, les collaborateurs ont bénéficié d’une formation d’une demi-journée : si son usage est présenté comme « simple et facile », l’appareil fonctionne en effet avec une technologie radioactive (rayons x), ce qui nécessite le respect de certaines précautions d’usage, mais pas d’équipements particuliers.

 

 

Acheté pour la modique somme de 27.000 euros, cet analyseur pourrait apparaître comme un équipement de luxe car il n’est pas utilisé tous les jours sur le site de Bruyères-sur-Oise. On est donc assez loin d’un usage intensif, pour lequel fabricant et vendeur annoncent une durée de vie de 7 ans.

Reste que cet appareil contribue à affiner toujours plus un tri dont on sait qu’il devient crucial pour constituer des lots de matières premières secondaires de qualité, aptes à retourner dans la chaîne de production… Et c’est là tout l’enjeu de l’économie circulaire !

*RoHS : abréviation renvoyant à la directive européenne Restriction on the use of Hazardous Substances qui limite l’utilisation du plomb et d’autres substances potentiellement dangereuses dans les produits électriques et électroniques : le cadmium, le mercure et le chrome VI par exemple.

**L’analyseur XRF Portable X-250 SciAps peut être livré avec de multiples applications : Métaux précieux ; RoHS ; Pots catalytiques ; Pollution des sols… Les analyseurs XRF portables de SciAps, dont Quantum RX est distributeur exclusif, couvrent tout le cycle de vie du métal, de sa prospection/extraction à son recyclage.