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Ferrailles / Europe : la collecte chute

Posté par : Christine Lairy 27.03.2020

Les fermetures de chantiers s’accélèrent en Europe : en Grande-Bretagne, Sims Metal Management et EMR (European Metal Recycling) ont réduit les accès à leurs dépôts. Sims a notamment décidé de fermer son usine de transformation de Sheerness, où les dernières réceptions ont eu lieu la troisième semaine de mars.

De son côté, EMR a stoppé les achats de ferrailles, réduit le nombre de ses collaborateurs sur sites, et mis en place des mesures de « distanciation sociale ». « Nous ne serons plus en mesure d’accepter des VHU nécessitant une dépollution, une inspection ou la délivrance d’un certificat de destruction », indique un communiqué de l’entreprise.

En Allemagne, le groupe TSR Recycling (plus de 8 millions de tonnes de ferrailles collectées chaque année) a indiqué qu’il continuait à offrir des services « les plus complets possible », mais que l’accès à ses dépôts se limitait à ses clients habituels. A Rotterdam en revanche, les autorités du premier port d’Europe ont annoncé une poursuite des opérations de chargement et déchargement.

Quoi qu’il en soit, les mesures prises par les recycleurs dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19 ont un impact évident sur la collecte — une collecte déjà mise à mal par la baisse des prix consécutive à la diminution des ventes, tant en Europe qu’en dehors.

Une collecte plombée par la baisse des prix et les arrêts d'activité

Rappelons que les prix des ferrailles vendues aux aciéries ont chuté d’environ 45 dollars la tonne en dix jours sur le marché turc (à l’import), et d’une trentaine de dollars en Italie et en Espagne sur l’ensemble du mois de mars.

Reste que, en amont, l’arrêt ou la baisse d’activité de l’industrie manufacturière diminue les gisements disponibles – un phénomène particulièrement notable de l’autre côté des Alpes et de l’autre côté des Pyrénées.

En Espagne, un recycleur explique que, la quatrième semaine de mars, les volumes collectés représentaient encore 60% environ de ceux d’avant crise. La semaine à cheval sur mars/avril, il s’attend à ce que cette part tombe à 30%. « J’importe de France en ce moment, par camions », indique un autre recycleur espagnol, alors que les chantiers seraient fermés à Barcelone et Madrid.

Dans le Nord-ouest de l’Europe, la collecte ne dépasserait pas 60% des niveaux normaux, et elle devrait encore diminuer dans les jours à venir. Ce taux serait inférieur à 50% au Danemark, en Estonie, en Lettonie et en Lituanie, « et très bas » en Pologne. En Roumanie, on parlerait d’une collecte tombée à 20% des niveaux habituels. Ce sont les comptoirs russes qui, à ce jour, semblent les moins affectés. Ils disposeraient en tous cas de suffisamment de marchandise pour honorer les contrats en cours.

Faire autre chose ?

Qu’attendre de cette situation côté prix ? Bien malin qui peut répondre à cette question. Car si la baisse des disponibilités devrait théoriquement interdire (ou sérieusement limiter) la baisse des prix, ce serait sans compter l’effondrement de la demande, notamment en Turquie où les petits aciéristes ont d’ores-et-déjà suspendu leur production de rond à béton, et où les plus gros envisagent des diminutions d’activité, voire des arrêts complets.

Pour autant, affirme un négociant roumain, il y a un prix en-deçà duquel collecter et vendre des ferrailles n’a plus aucun sens économique : « En 2008, je m’étais sérieusement écharpé avec de soi-disant experts et analystes économiques annonçant des prix à 100 dollars. A ce tarif, les gens ne prendront pas la peine de sortir de chez eux pour aller ramasser des ferrailles, ils feront autre chose ! »

 

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