Ademe recyclage bilan
Le recyclage progresse en France
Paris.– A l’occasion de la journée mondiale du recyclage, célébrée le 18 mars, l’Ademe a fait paraître son Bilan National du Recyclage (BNR), qui analyse les évolutions de 11 matériaux (métaux ferreux et non ferreux, plastiques, textiles…) sur les dix dernières années.
Depuis 2002, le BNR regroupe des données issues des producteurs et industriels pour mesurer, par filière, le degré de circularité de l’industrie. Les chiffres obtenus permettent de brosser un portrait détaillé des quantités de matières produites en France, importées, exportés, recyclées et réincorporées.
En résumé
Le taux d’incorporation de matières premières recyclées (MPR) a augmenté pour toutes les matières, à l’exception des métaux ferreux et de l’aluminium.
La collecte de déchets de métaux ferreux et non ferreux est en augmentation ces dernières années, mais reste tournée vers l’exportation (sauf pour le zinc) en Europe.
La filière des plastiques calcule pour la première fois le taux d’incorporation de MPR, avec un niveau estimé à 14 % en 2020. La collecte pour recyclage affiche une croissance nette depuis 2012 (+400 kilotonnes) et s’établit à 25 % en 2020. Les filières de recyclage se sont diversifiées en fonction des différentes résines plastiques.
Dans la filière bois, le taux d’incorporation de MPR dans les panneaux de particules a fortement augmenté et s’élève à 46 % en 2021. Cette hausse est notamment liée aux prix élevés des matières premières vierges ces dernières années.
La filière des textiles est suivie pour la première fois par le BNR. 110.000 tonnes de matière ont été préparées pour incorporation en France.
Des facteurs nationaux et internationaux
Le recyclage, en France, est affecté par les fluctuations du marché européen et international. Les prix des matériaux vierges et de l’énergie, ainsi que les décisions réglementaires d’autres pays sur les importations et exportations de déchets, ont un impact direct sur les différentes étapes du recyclage en France.
L’économie mondiale a été perturbée par la crise sanitaire en 2020, qui a vu l’émergence de restrictions de déplacement et de fermetures administratives. Les quantités de déchets collectés en vue d’un recyclage (66 millions de tonnes en 2020) et leur répartition par origine diffèrent des années précédentes, du fait d’un repli de certains modes de consommation.
L’année 2021 a été marquée par une reprise économique, avec une demande d’approvisionnement en matériaux forte de la part des industries : 53 millions de tonnes de MPR incorporées. Les prix des matériaux vierges et recyclés ont augmenté en 2021, une hausse globalement favorable au marché du recyclage. A cette occasion, les prix de vente de certains déchets ont atteint des niveaux historiquement élevés, au point de vider entièrement les stocks disponibles (pour les métaux ferreux en particulier).
Depuis 2018 et la fermeture des frontières de certains pays aux importations de déchets faiblement valorisables, une baisse continue des exportations hors Europe est observée pour l’ensemble des filières de recyclage. Les échanges commerciaux de déchets se recentrent au sein de l’Europe et ont connu une baisse dans leur globalité. L’activité des centres de tri a pu être saturée et les utilisateurs de MPR ont pu se retrouver en situation de pénurie (producteurs d’emballages par exemple).
Les métaux : à optimiser
Essentiels dans de nombreux domaines (construction, transports, câbles) et maillons importants de la transition énergétique, les métaux sont des matériaux cruciaux pour l’avenir. Il est estimé que la demande en cuivre et en aluminium doit augmenter de 1 % et de 1,4 % par an entre 2018 et 2030. La demande d’acier, elle, doit rester stable jusqu’en 2030.
Acier La filière sidérurgique électrique, principal segment de consommation de ferrailles en France, a produit 30 % de l’acier national en 2019 (4.378 kt, à partir de 95 % de ferrailles). La filière sidérurgique intégrée, qui utilise des hauts fourneaux, produit les 70 % restants (10.022 kt d’acier, à partir de 15 % de ferrailles).
Aluminium La filière de recyclage direct s’approvisionne en déchets de fabrication et en déchets post-consommation de composition homogène (290 kt d’aluminium produit). Cette filière est la principale consommatrice de MPR d’aluminium en France. La filière d’affinage produit des lingots d’aluminium de seconde fusion pour l’industrie automobile à partir de déchets pré-consommation ou post-consommation (183 kt produits, à partir de 95 % de MPR).
Cuivre La filière de recyclage par fusion fabrique des produits de première transformation et des produits semi-finis à partir de déchets à très faible teneur en résiduels (111 kt de cuivre recyclé). Il s’agit de l’unique modalité d’incorporation de MPR de cuivre en France. La filière d’affinage du cuivre, presque inexistante en France, produit des cathodes et des produits de première transformation en cuivre à partir de concentrés cuivreux et/ou de déchets de différents types.
En raison de leur valeur en tant que MPR, la majorité des métaux issus de produits en fin de vie sont recyclés. « Néanmoins, le recyclage des métaux en France n’est pas encore optimal. Les technologies actuelles de recyclage conduisent souvent au recyclage en boucle ouverte et la demande des filières métallurgiques françaises est nettement inférieure aux MPR disponibles ».
De plus, la préparation et l’incorporation des MPR ont parfois lieu à l’étranger. La France est le principal exportateur net de MPR par comparaison avec l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie. La France est l’exportatrice nette de 5.507 kt de MPR d’acier, de 342 kt de MPR d’aluminium et de 280 kt de MPR en cuivre en 2021, représentant respectivement 45 %, 47 % et 100 % des MPR collectées en 2019. La France exporte les MPR directement vers des pays européens frontaliers ayant des tissus industriels plus favorables à leur incorporation.
« Du fait des enjeux de décarbonation des acteurs métallurgiques, les gisements de déchets métalliques doivent de plus en plus être conservés en France en vue de leur réincorporation. Opportunité écologique et économique, l’amélioration des technologies de tri et la dynamique de décarbonation des sites de production devraient permettre d’alimenter cette économie circulaire en vue de l’incorporation de nouveaux types de MPR répondant aux cahiers des charges des fabricants ».
Les plastiques : du mieux
La collecte des déchets plastiques en vue du recyclage progresse en France : +400 kt entre 2012 et 2021, soit 1,3 million de tonnes en 2021 et un taux de collecte de 25 % en 2020. « Malgré cette progression, le recyclage des plastiques est encore trop faible au regard des objectifs nationaux et européens, nécessitant une plus grande adhésion des trieurs, plus d’écoconception sur les produits, et plus de capacités de recyclage de toutes les résines mises sur le marché ». Les importations de déchets plastiques, notamment les déchets de bouteilles en vue de la préparation de la résine PET, augmentent légèrement depuis 2012, tandis que les exportations diminuent du fait d’un durcissement des réglementations internationales. Les importations de déchets plastiques viennent compléter les déchets collectés en France, pour sécuriser les gisements nécessaires aux industriels régénérateurs. Dans le même temps, le total de plastiques régénérés en France augmente, et l’incorporation de plastiques recyclés progresse.
Selon les calculs de l’Ademe, l’incorporation d’une tonne de plastique recyclée (par rapport à une tonne de matière vierge) permet d’économiser 2,7 tonnes d’équivalent CO2 et 9.393 kWh de ressources énergétiques fossiles.
Les textiles : 1ère année
La filière de recyclage des textiles est incluse pour la première fois dans le BNR. Il ressort que 110.000 tonnes de matières textiles avaient été préparées pour incorporation, en France, en 2021. Le gisement est estimé à 800.000 tonnes par an, et 244.000 tonnes de déchets textiles ont été collectés en 2021. « Des progrès sont attendus pour recycler davantage ces déchets grâce au développement de nouvelles technologies et débouchés ».
Selon les calculs de l’Ademe, l’incorporation d’une tonne de textile recyclé permet d’économiser 7,5 tonnes d’équivalent CO2 et 7.527 kW de ressources énergétiques fossiles.